A Tournus, le ramassage des déchets ménagers est assuré par la Communauté de Communes du Tournugeois dont Tournus est la commune la plus importante. Si la collecte sélective fonctionne de manière satisfaisante depuis plusieurs années, le problème de l'élimination des déchets non recyclables et des résidus de tri devient crucial en raison de la restriction continue des possibilités de mise en décharge. Deux solutions sont généralement mises en concurrence : l'incinération et la méthanisation.
L'incinération est une méthode éprouvée pour éliminer les déchets : elle fonctionne depuis plusieurs décennies et présente des avantages tels que la récupération de la chaleur produite et le faible encombrement de ses déchets résiduels.
Malheureusement, cette solution a aujourd'hui de nombreux détracteurs car la plupart des incinérateurs existants ont rejeté dans l'air d'importantes quantités de dioxines dont on sait aujourd'hui qu'il s'agit de produits hautement cancérigènes. Fumées et mâchefers (résidus solides de combustion mélangés aux cendres) issus de déchets totalement inoffensifs sont, eux, chargés de produits toxiques dont les dioxines et des métaux lourds. Il faut donc laver et filtrer les fumées avant de les relâcher dans l'atmosphère, mettre en décharge spécialisée les cendres et les mâchefers.
Naturellement, au fur et à mesure que l'on découvre des substances dangereuses dans les rejets des incinérateurs, les normes de construction et de maintenance évoluent (souvent cité en exemple, le coût de l'incinérateur de Luneviel aurait augmenté de 50 % en 4 ans, entre sa commande et sa mise en service). Il s'ensuit un accroissement continu de la capacité des incinérateurs afin de réduire des coûts de fonctionnement en perpétuelle augmentation (le seuil de rentabilité serait aujourd'hui égal ou supérieur à 100 000 tonnes de déchets brûlés par an, le coût de l'énergie produite par un incinérateur serait 3 fois supérieur à celui d'EDF). La nécessité d'amortir rapidement les nouvelles installations ou les modifications incessantes des installations existantes incite les élus soit à rechercher dans d'autres collectivités territoriales les quantités de déchets nécessaires au fonctionnement continu de leur incinérateur, avec pour conséquence, l'augmentation de la pollution par les transports, soit à se désintéresser de la collecte sélective...
Pour augmenter la quantité de déchets traités par les incinérateurs, certains n'hésitent plus à brûler les boues issues des stations d'épuration : par définition pleines d'eau et donc difficiles à brûler (il faut d'abord les sécher ce qui consomme de l'énergie), elles sont chargées de métaux lourds provenant des eaux de ruissellement sur les chaussées des villes et des routes (ces métaux lourds sont issus du dépôt des fumées et des fuites d'huile et de carburant des véhicules).
Quand bien même le filtrage des produits toxiques serait 100 % efficace, ce qui est fort peu vraisemblable et très préoccupant en matière de santé publique, il resterait le rejet d'une impressionnante quantité de gaz carbonique (CO2) dont on ne saurait aujourd'hui plus nier la participation à l'effet de serre et le volume des déchets résiduels, de 20 à 25 %... sensiblement le même que celui obtenu après tri et recyclage.
Membre de la Communauté de Communes du Tournugeois, la petite commune de Farges-les-Mâcon jouxte Tournus et se situe en bord de Saône, face à la Réserve Naturelle de La Truchère - Ratenelle, en plein vignoble du Mâconnais dont les vins blancs ont acquis une réputation internationale.
Sollicités en 2006 par le Syndicat Mixte pour l'Elimination et la Valorisation des Ordures Ménagères du Sud Saône-et-Loire (SMEVOM Sud 71), les élus de Farges ont été tentés d'accueillir sur leur territoire un incinérateur d'une capacité de 30 000 tonnes par an seulement, très inférieure au seuil de rentabilité.
Or, le SMEVOM Sud 71 n'est autre que l'ancien exploitant de l'incinérateur de Cluny, aujourd'hui arrêté en raison de ses dysfonctionnements très graves (rejet de dioxines dans l'environnement).
De plus, il regroupe essentiellement des communes du Mâconnais et la Communauté de Communes du Tournugeois n'en fait pas partie !
A ce jour, le projet semble abandonné, aucune commune n'ayant accepté d'accueillir ce nouvel incinérateur sur son territoire.
Comme l'incinération, la méthanisation permet de valoriser les déchets : leur décomposition s'accompagne d'un dégagement de gaz méthane qui est récupérable et utilisable comme combustible. A la différence de l'incinération, au lieu de nécessiter de gros investissements, elle mobilise davantage de main d'œuvre ce que l'on ne saurait négliger quand l'industrie supprime chaque jour des emplois. C'est là une des pistes les plus intéressantes en matière de traitement industriel des déchets car elle peut être mise en œuvre sur les déchets fermentescibles issus d'un tri préalable. Le méthane est le gaz qui se dégage de la décomposition naturelle des matières organiques enfouies dans les mares et provoque le phénomène des feux follets lorsqu'il s'enflamme spontanément au contact de l'air.
La méthanisation est la solution d'élimination des déchets ménagers retenue par la Communauté de Communes du Tournugeois qui a adhéré pour cela au SMET71, syndicat qui a construit à Chagny une usine de tri-méthanisation dont la production de gaz a démarré début 2015. L'usine est située juste à côté du centre d'enfouissement de déchets ménagers qui ne recevra plus que les déchets ultimes (déchets non utilisables pour la méthanisation et le compostage et résidus de méthanisation) et d'une grosse tuilerie qui consommera la totalité du gaz produit. Du compost (voir ci-dessous) sera également produit par l'usine de tri et de méthanisation et il sera vendu aux agriculteurs des environs pour fertiliser leurs champs.
Le compostage est une autre solution de valorisation des déchets. En zone rurale, il est même possible de le faire soi-même dans son jardin ! Dans ce cas, on ne récupère pas les gaz de décomposition mais le compost obtenu par décomposition des déchets végétaux est assez semblable au terreau végétal des sous-bois et donc utilisable comme engrais naturel. Comme toute activité humaine, le compostage n'est pas exempt de défauts : mal mis en œuvre, il peut provoquer d'importantes nuisances olfactives pour les riverains. Cependant, facilement réalisable de manière industrielle sans gros investissements, dans de petites unités proches des lieux de production et de ramassage des déchets, nécessitant lui aussi une main d'œuvre importante, le compostage présente des atouts non négligeables.
En 2006, la Communauté de Communes du Tournugeois a décidé de mettre des composteurs individuels à disposition de ses habitants. Ces composteurs, d'une capacité de 400 ou 600 l au choix, ont été distribués début février 2007 aux familles en ayant fait la demande. Cette initiative a permis aux élus de réduire le volume des déchets collectés et aux familles de disposer d'un compost de bonne qualité pour la fertilisation de leur jardin.
En 2014, la Communauté de Communes a commencé à proposer des composteurs aux occupants d'immeubles collectifs.
La collecte sélective réduit le coût du recyclage et oblige chacun de nous à un geste citoyen pour séparer les déchets fermentescibles (épluchures de fruits et légumes, déchets de tonte de pelouses...) des papiers et cartons, du verre, etc. En acceptant et en respectant au mieux cette petite contrainte, en portant nous-mêmes certains déchets dans une déchetterie, nous réduisons la facture d'enlèvement de nos propres ordures ménagères car il est ensuite plus facile de trier et valoriser les déchets recyclables, en particulier dans le cas de la méthanisation ou du compostage.
Le recyclage permet d'obtenir des matériaux de qualité à coût moindre que les mêmes matériaux neufs. Par exemple, 10 tonnes de verre recyclé économisent 6 tonnes de sable, 1 tonne de charbon, 1 tonne de pétrole, 0,2 tonne de gaz et une quantité importante d'eau. Le papier recyclé coûte également moins cher que le papier neuf.
Quant aux bouteilles en PET utilisées entre autres pour le conditionnement des eaux minérales et des boissons gazeuses... il est généralement admis qu'il est difficile de faire de nouvelles bouteilles avec (séparation difficile des étiquettes en papier, problèmes potentiels d'hygiène et de sécurité alimentaire) mais cette matière est aussi connue sous le nom de "laine polaire" ! En effet, si l'un des PET les plus connus (l'abréviation PET recouvre toute une famille de matières plastiques produites à partir du pétrole) est le fameux Tergal®, la "laine polaire" n'est rien d'autre et quelques fabricants de vêtements mentionnent que leurs articles ont été produits à partir de bouteilles recyclées, permettant ainsi d'économiser le précieux pétrole. Néanmoins, en 2014, les producteurs de PET proposent de plus en plus de PET recyclé utilisable pour fabriquer des emballages de produits cosmétiques dont la réglementation européenne exige une pureté semblable à celle qui est exigée pour les emballages alimentaires.
Aucune solution d'élimination et de revalorisation des déchets, pas même la collecte sélective et le recyclage, ne saurait être envisagée sans une importante réduction à la source. Cela passe par la conception et le choix des matériaux des emballages (pour des raisons de marketing certains produits sont vendus dans des emballages très sophistiqués, non recyclables en raison de la diversité des matériaux qui les composent, beaucoup plus lourds que nécessaire à la protection et à l'utilisation du produit) mais aussi par nos choix de consommation : par exemple, pourquoi acheter des produits emballés individuellement lorsque ce n'est pas nécessaire ? On pourrait aussi, comme d'autres pays européens, revenir à la consigne des bouteilles et d'autres emballages vides ce qui supposerait un petit effort supplémentaire de la part du consommateur-citoyen.